par caco » 11 Mar 2015, 19:14
Tyrosse Vannes:
En voilà un beau match de rugby qui fleure bon le printemps. Hitchcock soi-même n'aurait pu rêver pareil suspens. Personnellement, je me suis régalé même si certains supporters des étagères jadis estampillées "Académie" relèvent plus d'insupportables chauvins parfois triviaux et de mauvais goût que d'inconditionnels du club tout de même élevés dans le culte du respect de l'autre, chambreurs en diable, mais avec esprit et espièglerie de bon aloi. Les gradins des corbeaux, il y a peu, c’était cela, ces bons mots qui fusaient et se mariaient si bien à ce rugby que nous aimons car il permet de lancer des vannes sans méchanceté, mais avec la constance et la gourmandise de celui qui entend soutenir intelligemment les siens. J’ai entendu des paroles qui vraiment ne sont pas celles que l’histoire de notre club mérite. Il ne s’agit pas là de leçon de morale, mais de leçon de vie qui commence par le bien vivre ensemble. Donc que nos amis Bretons qui ont fait le voyage ne pensent pas que le club de Tyrosse, c’est cela, ces excités qui vilipendent méchamment. Les vrais corbeaux, à Tyrosse, ce sont ces « emmerdeurs insupportables » qui se réclament des dialogues d’Audiard et arrivent à arracher des sourires aux supporters adverses parce qu’un clin d’œil cimente cet amour de l’ovale qui devrait guider le public amateur.
Et pourtant, en ce dimanche, l'autre, c'est à dire les Vannetais, c’ était bien le fringant leader que l'on attendait, leader qui fait honneur à ce rugby de mouvement perpétuel qui irait si bien à nos talentueux joueurs rouge et bleu si le projet actuel du tout puissant manager ne les réduisait pas à un rugby étriqué qui n’exploite que si peu ce potentiel que l’on sent au détour d’une course ou d’une initiative de jeu. Non, je n’aime pas ce rugby que l’on vous fait jouer, ce rugby de tranchées et de « hougne » qui est certes toujours nécessaire, mais dont on ne peut se contenter que si l’on n’a pas les moyens de faire mieux, et c’est loin d’être le cas ! Alors, certes, nos fantassins récitent avec vaillance et abnégation ce rugby de force et de puissance qui leur a permis de terrasser en bout de partie des Bretons très malmenés au niveau du huit de devant, inférieurs à l'impact et en densité physique, mais qu'il est donc regrettable que nos guerriers de la Fougère, supérieurs dans les phases dites classiques, ne disposent plus de lancements alternatifs du même style que nos hôtes du jour. L'entame fut pourtant des plus prometteuses avec un mouvement de belle facture échouant à quelques pas de la terre promise, faute de cette continuité dans le jeu que les Vannetais possèdent, eux, sur le bout des doigts. 9/0 cependant pour nos Tyrossais concrétisant leur puissance collective de machine à malaxer le pack adverse. Et puis, soudain, avec l’arrivée de munitions plus jouables, on eut droit au premier récital de bretons privilégiant les passes courtes, les soutiens incessants et l’obstination à continuer le jeu en trouvant toujours un partenaire proche en mouvement. De la belle ouvrage et la digue tyrossaise pourtant puissante et agressive, mais saoulée de piqûres, finit par se laisser déchirer, les visiteurs menant largement à la mi-temps sans que le connaisseur puisse y trouver matière à redire.
Oublions les cartons jaunes infligés à Sarthou pour un bien véniel mouvement de dépit consécutif au magnifique essai de visiteurs très alertes, comme celui du très entreprenant arrière breton protestant de bonne foi de s’être vu sanctionné après une prise de balle impeccable sous chandelle malgré la pression de Tyrossais affamés : Monsieur l’arbitre tenait sans doute à avoir la main mise sur une partie qu’il sentait ardente et piquante ! Rien à redire par contre sur les deux cartons peut-être un peu trop rouges distribués à notre centre Rougé réenclanchant une générale qui s’éteignait ainsi qu’au gaillard d’avant vannetais coupable de moulinets plus bêtes que méchants. Quelques châtaignes illustrant ce bon vieux rugby des campagnes ne pourront minimiser la qualité des débats. Après la pause, alors que chacun se demandait comment des Tyrossais menés et contraints de gagner allaient pouvoir trouver les ressources idoines, le puni Sarthou sonna la révolte sur une action individuelle de toute beauté et, dans la foulée, Tyrosse mit les voiles pour, pensait-on, définitivement se détacher.
La fierté des bretons est légendaire comme leur faculté à résister aux grains les plus dévastateurs. Leur incroyable aptitude à envoyer ce jeu de mille passes dont ils peuvent très justement se revendiquer les conduisit à dame pour un retournement de situation ponctué par en particulier un splendide essai en bout de ligne. Dire que la friabilité de la défense tyrossaise se résumerait à l’expulsion de notre centre me semble très réducteur. Ces quatre essais sur le pré vert s’inscrivent plutôt, d’après moi bien sûr, dans une dynamique de jeu à cent coudées de celle que prône notre manager général. Il faudra bien, en fin de saison, se demander pourquoi Tyrosse a refusé de s’engager dans ce rugby moderne qui aurait pourtant convenu à merveille à nos troupes, aptes au combat, cela est certain et s’est vérifié dimanche, mais capables elles aussi de bien mieux mettre à profit les qualités de vitesse, d’adresse et d’inventivité de joueurs que beaucoup d’équipes de fédérale nous envient.
Vannes repassait donc en tête, la qualif se dérobait, mais c’était sans compter sur une nouvelle égalisation des Tyrossais remettant à des avants de plus en plus dominateurs la mission sacrée de sauver ce qui pouvait l’être. Quelques minutes et bien des effrois plus tard, les Vannetais faisant feu de tout bois avec leur admirable jeu de ligne fait de relais courts incessants, c’est grâce à une ultime pénalité salvatrice que Tyrosse finit par rester maître des lieux, victoire ô combien salvatrice qui préserve le printemps.
Deux belles équipes et merci au speaker officiel de son hommage légitime à la valeur de ces Bretons qui sont très dignes de leur place de leaders avec ce beau rugby qui leur va si bien.
caco