par caco » 13 Mai 2014, 12:43
Vive la banda
C’est donc au son joyeux de la banda en liesse que les rouge et bleu ont conquis de haute lutte le droit et le privilège inouï de disputer leur demi finale. Pronostiqueur jusque là moins que fiable, je ne peux que savourer une aptitude nouvelle, mais sans doute très fugitive, à manier avec réussite la boule de cristal !
On va oublier les huées marginales ayant accueilli l’arrivée de la troupe bourguignonne dans un stade culte de la fougère qui ne mérite pas pareille insulte à l’ovale pour mieux souligner l’extrême sportivité des débats et de nos visiteurs de la Nièvre. On peut encourager, pousser son équipe sans pour cela vilipender l’adversaire, c’est la leçon que devront méditer les excessifs en tous genres. Notre sport est trop beau et fait de don de soi pour se satisfaire de quolibets aussi bêtes que méchants. Question d’éducation et de fair play sans doute !
Mais revenons à ce qui fut un grand match : âpre, serré, palpitant, plein de suspens et de rebondissements. D’un côté, un grand orchestre très classique aux mouvements d’école bien léchés, sous la houlette d’un 10 jaune de grand talent, de l’autre une banda joyeuse et spontanée de copains prompts à bousculer le bel ordonnancement d’une armada nivernaise impressionnantissime. Un régal d’opposition de styles avec l’obligation pour la banda rouge et bleue de jouer plus vite que la belle musique symphonique, tomber au rythme soutenu, mais prévisible des visiteurs se révélant synonyme de mort programmée. Chacun, des tribunes aux mains courantes, en passant par les étagères de gradins en fusion, a pu mesurer les potentialités des équipes en présence à manger les lignes et saisir les occasions. La rigueur, l’intensité des débats et l’imperméabilité de défenses énormes et ardentes n’ont laissé que quelques miettes saisies goulûment par les cavaleurs de chaque camp. À chaque instant, le danger rôdait : à ce jeu de l’opportunisme, ce sont encore les locaux qui surent marquer une fois de plus, d’abord par un jeu de ligne d’école, puis au terme d’un rush de Matthieu Vis, comme un symbole pour une troisième ligne au four et au moulin, dopée au nectar pimenté de ces joutes épiques qui font frissonner la fougère.
Et puis, il y eut ce coup du sort, ce contre rageur infligé au meilleur homme du jour comme si, clin d’œil du Dieu du jeu sans doute, il fallait que ce fut par un des plus valeureux que la sanction arrive. Exorcisme du syndrome de Béziers ? On pourrait affirmer sans entrer dans le détail de l’affaire qu’il valait mieux ne pas être en jaune lors de quarts de finale cette saison (voir Clermont) ! Étrange répétition de l’essai de pénalisation érigé en tournant du match et peu importe si les tenants de la vidéo bourguignons estimeront, comme nous-même lors d’un fameux match d’accession de funeste mémoire, avoir été les dindons de la farce ! Vox de referee, vox déi ! Ces 7 points ont bel et bien fait la différence, celle qui remobilise les énergies défaillantes suite à tant et tant d’efforts consentis, pour cette fois imposer définitivement cette force d’y croire qui repoussa la formation bourguignonne désormais bien empruntée dans sa propre moitié de terrain.
La banda avait retrouvé son mordant et son enthousiasme à concasser toute tentative désespérée de rébellion. Le sable des Landais mordait dans les rouages de la belle mécanique et tout était dit ! Du bel orchestre, il ne restait plus que les violons comme pour apaiser les regrets légitimes mais vains ; le rugby est parfois cruel lorsque le sort est contraire.
Ils l’ont fait ! Certes, on ne pourra pas conclure : « on les a laminés », mais on pourra tout de même se souvenir de cette énergie collective et de cette rage de combler tout espace qui a fait ce micromètre de différence suffisant pour conquérir le droit de continuer.
Ce Week end, ce sera donc à nouveau fête ? Ma boule de cristal, ovale bien sûr, m’inspirerait à la prudence, d’autant que la récupération d’organismes usés par un combat titanesque sera la clé du défi, mais avec ce cœur énorme, tout est possible.
Merci Messieurs les Joueurs et le Staff ! Votre histoire appartient désormais au grand livre, mais il reste encore du papier libre…pour le fun.
caco