par caco » 16 Jan 2023, 17:16
Tyrosse- Périgueux
Saubion le 16 janvier 2023
Petite chambrée pour la venue du leader Périgueux à la Fougère. Pourtant Dame météo, après avoir laissé tomber quelques gouttes décoiffantes, s’était décidé à laisser la partie se dérouler dans de très bonnes conditions. Un soleil d’hiver bien gênant et piquant luttait contre un petit vent frisquet suffisant pour encapuchonner les supporters du bord de terrain.
Ambiance feutrée avez-vous dit ? Que nenni, les habituels vociférateurs de tribunes ou d’ailleurs se chargeant avec constance de rappeler au « Referee » que les visiteurs, ces quasi mercenaires trop payés et professionnels, étaient toujours hors jeu, et même encore davantage ! Rien que de très normal somme toute en pays d’ovalie !
Dès l’entame, chacun sentit que les « petits » Tyrossais avaient du coeur à revendre puisque ce sont eux qui , tels des morts de faim, collaient au ballon et aux grosses cylindrées adverses pourtant impressionnantes, les repoussant de toutes leurs forces dans leur propre camp, malgré les charges ravageuses et répétées, malgré un déficit physique évident. Cependant, les Périgourdins, petit à petit, forts de leurs certitudes et de leurs automatismes, continuaient à « enfoncer le clou », monopolisant le ballon et commençant à alterner joliment phases de perforation, combat et jeu au large alerte et lancé ! Certes, la mêlée tyrossaise tenait bon, mais, à partir de conquêtes et en particulier de touches manière « grand faiseur », à montrer dans toutes les écoles de rugby, les visiteurs récitaient un jeu bien léché. Du rugby parfaitement huilé, souvent initié par les perforations majuscules d’un premier centre fort gaillard et pas maladroit du tout, que nos Tyrossais finissaient par clouer au sol non sans mal ! Mais, à partir de ces fixations musclées, le jeu de ligne, souvent créatif grâce à des replacements judicieux, créait de plus en plus d’espaces dans le grand champ où s’engouffraient les rapides visiteurs. L’on vit donc durant les quatre cinquièmes de cette mi-temps, une équipe de Tyrosse contrainte de défendre opiniâtrement chaque pouce de terrain, rejouant plus que vaillamment la version ovalienne de la courageuse petite chèvre de Monsieur Seguin. De fait, avec deux beaux essais parfaitement exécutés, les locaux se retrouvaient menés à la mi-temps 13 à 0. Grimaces à tous les étages, le supporter le plus optimiste se demandant comment une équipe qui n’avait pu que défendre toute une période allait bien pouvoir tenir durant un second acte de tous les dangers !
Il sera dit que les Tyrossais sont obstinés puisque l’entame de la seconde mi-temps les vit reproduire leur « pressing » de la copie précédente. Plaquages ravageurs, lutte incessante au coeur de la conquête, les Périgourdins se réveillaient brutalement. Le leader retrouva donc son fil directeur, toujours à partir de percussions diablement puissantes , de touches à nouveau limpides et de grands mouvements rapides et incisifs dans les espaces, suite aux coups de boutoir de leur premier centre ! C’est ainsi que les bleu et blanc « loupèrent » malencontreusement des mouvements qui ne demandaient qu’à aller à dame, par excès de complication, mauvaises inspirations , saccage de surnombres avérés ! La défense héroïque agressive des Tyrossais n’en demandait pas tant !
À force de « gâcher », le fier navire de Dordogne qui multipliait les mauvais choix redonnait aux locaux quelques grains à moudre. Même le malicieux et très talentueux capitaine arrière Périgourdin se lançait dans de malencontreuses initiatives et enchaînait passes pour le moins hasardeuses et relances du genre suicidaires ! Curieusement, après vingt cinq minutes de domination sans partage ne débouchant sur aucune réalisation, Périgueux tanguait, reculait, s’emmêlait, s’énervait, s’obstinait dans les actions individuelles...bref, perdait son latin !
Ce que voyant, le coach ulcéré, ayant perdu son flegme tout britannique, fit rentrer du sang frais et en particulier un pilier surdimensionné (N° 21 je crois) à qui l’on n’avait certainement pas expliqué que les équipes changeaient de camp à la mi-temps puisque aussitôt arrivé, il adressa une passe magnifique à un Tyrossais qui n’en demandait pas tant pour inverser la pression. À partir de cet acte manqué et d’une foultitude d’autres, les rouge et bleu retrouvèrent couleurs et espoir. Se procurant enfin quelques bonnes munitions d’attaque, les Tyrossais, faute à des transmissions lentissimes ou des transformations de jeu à l’arrêt , ne furent pas en mesure de faire une différence ou de percer le rideau adverse. Quand la ligne d’attaque est arrêtée, c’est la défense qui avance, vieil adage des Éducateurs à travers les âges. Parfois, cependant, un joueur arrivait lancé et permettait d’entrevoir la solution.
Vifs et obstinés, les tenants de la Fougère finirent par réussir enfin à percer le coffre fort par le biais du petit Barbe, très vif, qui plongea goulûment en terre promise au nez et à la barbe (!!!) de visiteurs désarçonnés et en proie aux affres du doute. Il restait une bonne dizaine de minutes et la pression tyrossaise devenait plus que forte. Suite à une série de pénaltouches (le ballon était-il vraiment sorti en touche ? ) près de la ligne des leaders désemparés et arcboutés sur leur maigre capital, la tribune entière crut bien à la délivrance et la rédemption des lutins landais ! Ty...rosse, TY ...rosse, mais ce fut finalement un Périgourdin qui confisqua, suite à un cafouillage fâcheux le ballon de la gagne. L’arbitre siffla deux fois , le train était passé, la locomotive avait eu très chaud !
Un grand, énorme bravo à la vaillance et à l’abnégation des ces jeunes Tyrossais à qui il manque simplement, on l’a déjà dit, une épine dorsale ! Ils ont été héroïques et à la hauteur des histoires d’antan. Mais dans le rugby actuel, la vaillance, fût-elle grandiose, ne suffit plus. À partir de cette défense de fer et de ce talent certain de combattants, il faut pouvoir proposer à ces jeunes quelques clés d’attaque qui leur permettront de faire valoir leurs qualités. Notre exemple doit être celui des Luziens qui ont les mêmes caractéristiques ! C’est tout le mal qu’on leur souhaite pour leur permettre de sauver encore ce qui peut l’être.
Et un grand merci à mes copains de bord de touche avec lesquels il est plaisant de batailler, plaisanter, discuter, rire et sourire et se délecter d’humour, loin de certains regards malveillants et remarques hostiles qui ne sont finalement qu’anecdotiques !
caco